Dans ce que Martian AYME de Lyon a appelé le monotype aveugle, tout a commencé,
par une découverte fortuite, comme pour Gauguin probablement : un report sans presse à partir d'une surface uniformément encrée. Mais bien vite le procédé lui est apparu riche de bien d'autres possibilités, il commençait bien par un dessin, mais le tracer et voir ce qui s'en imprimait ne fut bientôt plus l'objectif ; il y avait mieux à faire...
Le dessin n'est alors plus que la trame initiale d'un dessein sur le long terme
où, par reports successifs, à partir des couleurs primaires, du noir et du blanc, alliant la part de hasard et la volonté d'aller à chaque nouveau passage dans la direction suggérée par l'image antérieurement révélée, permet d'accéder à des images insoupçonnées dans lesquelles la forme, la couleur et la ligne sont en symbiose. La querelle du trait et de la couleur y trouverait-elle naturellement sa solution ? Quant à la couleur, l'utilisation exclusive des couleurs primaires dont l'artiste fait exclusivement usage permet de pallier tout affadissement dû à leur mélange puisque les teintes intermédiaires ne dépendent que de mélanges optiques ou d'effets de transparence.
Parfois, assez exceptionnellement, un seul passage monochrome suffit,
on a alors en quelque sorte un simple monotype report mais, dans l'optique du monotype aveugle l'artiste ne s'en satisfait que lorsque l'image obtenue n'est pas seulement le reflet du dessin. Parfois, après quelques passages le dessin initial s'est totalement évanoui pour laisser place à tout autre chose. Parfois, les passages, deux à cinq peut-être, ou bien plus encore, se succèdent dans un temps plus ou moins long qui peut prendre des lustres. Et ce qui donne toute sa richesse à cette façon de procéder et la nécessité de lui donner une dénomination particulère réside dans les infinies possibilités qu'offrent, tout d'abord le choix de travailler dans la durée, puis la diversité des outils employés, les superpositions, les repentirs, l'utilisation de réserves et de caches, les soustractions préalables, les frottis, sans oublier le plus important : la connivence particulièrement étroite avec la matière et ses suggestions en dehors de tout a-priori obsolète ou soi-disant avant-gardiste...
Monotype "classique",
monotype report,
monotype aveugle,
sont bien trois entités distinctes.