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MONOTYPES CLASSIQUES/Martian AYME de LYON/Peintre-graveur
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Le principe du monotype classique
(nous verrons en bas de page le pourquoi de cet adjectif inhabituel ici) nécessite une presse qui permet le transfert d'une image préétablie avec une substance colorante, étalée sur une surface plane, encre d'imprimerie le plus souvent, que l'on reporte sur un support qui pourrait être de diverses natures dans l'absolu, mais qui est presque exclusivement le papier. Un bon exemple : Femme nue se coiffant d'Edgar Degas ci-dessous...

En voici la "recette"...
Pour obtenir un monotype "classique", prendre une plaque de métal mince et polie sur laquelle on "peindra"
à l'envers au pinceau avec des encres en général grasses (encre d'imprimerie par exemple) ce que l'on souhaite reporter ensuite sur papier ; procéder ensuite comme pour un tirage à l'eau-forte : poser "très délicatement" une feuille de papier légèrement humide dessus, puis un "lange" qui optimisera la pression. Il reste à faire passer le tout sous la presse pour que l'encre se reporte sur le papier et enfin à retirer lange et papier avec la "plus grande délicatesse" ; apparait alors une épreuve de "monotype".

Cette technique très souvent employée par de nombreux artistes,
ne relève, de par la planéité de sa matrice, ni des techniques d'impression en relief, ni de celles en creux ; ce n'est donc pas à proprement parler une "gravure" mais une estampe, terme qui englobe tout procédé de production d'images par report à partir d'une matrice d'ordinaire prévue pour reproduire en plus ou moins grand nombre le sujet concern
é à l'identique.

Comme l'encre de la plaque s'est en grande partie reportée sur le papier il n'est pas possible de tirer une seconde épreuve ; le monotype est donc une estampe à part. Cependant il reste sur la plaque comme une image fantôme qui peut "guider" la suite d'un travail d'approfondissement, c'est l'un des intérêts de cette technique.

Femme nue se coiffant (1881) est un exemple parfait de monotype "classique" : encre étalée d'abord, puis valeurs claires "essuyées" au pinceau sec (côté poils ou manche), chiffon ou autres ; et pour finir un passage sous la presse...


C'est à partir d'une autre œuvre, de Paul Gauguin cette fois-ci, Deux Marquisiens, elle aussi qualifiée de monotype, que va commencer à apparaitre la nécessité de distinguer le monotype classique du monotype report qui ne nécessite pas de presse, de même que pour d'autres raisons nous le verrons ci-dessous du "monotype aveugle"qui est d'une approche bien différente.
Là, nous avons bien de l'encre étalé sur une surface plane, mais pas encore la moindre image ; ce n'est qu'après y avoir déposé un papier, puis travaillé au dos qu'elle peut apparaitre sur le papier une fois retiré.

Pas besoin de presse,
les traits sont nets sous le crayon, avec les inévitables macules, mais aussi des valeurs plus sombres que l'artiste a volontairement introduites par pression de ses doigts pour apporter du contraste. L'outil et la main structurent l'image finale du dess[e]in...

Dans ce que Martian AYME de Lyon a appelé le monotype aveugle, tout a commencé,
par une découverte fortuite, comme pour Gauguin probablement : un report sans presse à partir d'une surface uniformément encrée. Mais bien vite le procédé lui est apparu riche de bien d'autres possibilités, il commençait bien par un dessin, mais le tracer et voir ce qui s'en imprimait ne fut bientôt plus l'objectif ; il y avait mieux à faire...

Le dessin n'est alors plus que la trame initiale d'un dessein sur le long terme
où, par reports successifs, à partir des couleurs primaires, du noir et du blanc, alliant la part de hasard et la volonté d'aller à chaque nouveau passage dans la direction suggérée par l'image antérieurement révélée
, permet d'accéder à des images insoupçonnées dans lesquelles la forme, la couleur et la ligne sont en symbiose. La querelle du trait et de la couleur y trouverait-elle naturellement sa solution ? Quant à la couleur, l'utilisation exclusive des couleurs primaires dont l'artiste fait exclusivement usage permet de pallier tout affadissement dû à leur mélange puisque les teintes intermédiaires ne dépendent que de mélanges optiques ou d'effets de transparence.

Parfois, assez exceptionnellement, un seul passage monochrome suffit,
on a alors en quelque sorte un simple monotype report mais, dans l'optique du monotype aveugle l'artiste ne s'en satisfait que lorsque l'image obtenue n'est pas seulement le reflet du dessin. Parfois, après quelques passages le dessin initial s'est totalement évanoui pour laisser place à tout autre chose. Parfois, les passages, deux à cinq peut-être, ou bien plus encore, se succèdent dans un temps plus ou moins long qui peut prendre des lustres. Et ce qui donne toute sa richesse à cette façon de procéder – et la nécessité de lui donner une dénomination particulère – réside dans les infinies possibilités qu'offrent, tout d'abord le choix de travailler dans la durée, puis la diversité des outils employés, les superpositions, les repentirs, l'utilisation de réserves et de caches, les soustractions préalables, les frottis, sans oublier le plus important : la connivence particulièrement étroite avec la matière et ses suggestions en dehors de tout a-priori obsolète ou soi-disant avant-gardiste...


Monotype "classique",
monotype report,
monotype aveugle,
sont bien trois entités distinctes.