ART RÉEL, ART VIRTUEL, FAUX DEBAT.
Il en est certains qui écrivent (ou colloquent) sur l’art sous la bannière totalitaire d’une contemporanéité qui n’est que leur[re] !
Croyant qu’eux seuls détiennent la vérité pour la simple et unique raison qu’ils se sont donnés comme mission de promouvoir ce qui se fait à partir des techniques les plus nouvelles ils s’arrogent le droit de décréter obsolète tout ce qui n’y est pas inféodé, ou n’en est pas dépendant !
Croyants, ils prêchent une soi-disant ouverture des critères et des limites de l’art, mais ne mènent en fait qu’une croisade assassine contre tout ce qui ne relève pas de leur intégrisme.
Pourquoi tant de haine ? Mauvaise langue que je suis j’affirme qu’ils ne veulent tout simplement pas, entre autre, risquer de louper le coche de l’histoire comme tant d’autres avant eux... Au péril de l’erreur inverse !
Débattre d’une ouverture des critères et des limites de l’art est déjà un faux débat, mais aller jusqu’à en survaloriser l’ouverture systématique et totalitaire ! L’art, ni ne se calcule, ni ne se délimite, il advient par surprise... Et, ceci, quelqu’en soit l’époque et le matériau. Seul le temps, et l’histoire qu’en font les hommes en décident, le temps d’abord, et l’historien ensuite, observation scrupuleuse de l’évolution des faits (passés) et non pas arrêts prononcés au gré d’un présent qui passe par des escamoteurs.
Polémiquer sur les traditionalistes de l’art est un autre faux débat, et oser affirmer que pour eux les outils artistiques doivent être aussi rudimentaires que possible pour ne pas interférer avec la main souveraine de l’artiste est pûrement inepte, et injurieux : la genèse artistique est de par sa nature même forcément contemporaine, dans son sens le plus étymologique bien évidemment !
Pour paraphraser Duchamp c’est le montreur qui aujourdhui ferait l’art, l’artiste certes, mais de plus en plus, hélas, les autres acteurs, prédateurs d’un milieu qui lui tournent autour, qu’ils relèvent des puissances politiques, financières, médiatiques...
Lorsque le montreur, pieuvre de plus en plus unique et tentaculaire, ne met en vitrine que sa « boutique », et avec les plus grands moyens, on ne peut plus voir que le plus petit dénominateur commun de la pensée unique ; l’art n’est plus qu’un truc publicitaire, une fille à poil sur le capot du conditionnement correct !
L’art d’images « à l’ancienne » (périmé) serait à remplacer par un art médiatique « contemporain » (d’avenir), où l’acheteur d’images figées deviendrait acteur en activant les formes virtuellement contenues dans le programme de l’œuvre !
Mais outre le fait que je ne vois pas de différence entre l’achat d’une image figée et l’achat d’un programme informatique, il n’y a à mon sens aucune différence de valeur entre la création de l’une et la création de l’autre, ni, quant à leurs potentialités respectives, de différence fondamentale entre l’image fixe donnée et celle dynamique à activer, ou de différence essentielle entre la virtualité d’une image « réelle » et la réalité dite « virtuelle » ! Qui cherche à persuader quiconque du contraire ne cherche qu’à le manipuler...
S’il y a quelque différence, en revanche, c’est que la participation active de celui que l’on dit « acteur », par opposition au « regardeur » de Duchamp, n’est qu’illusion : sa participation relève plus du jeu que de la participation... Et plus encore, croyant être le maître du jeu il est en fait « joué », en ce sens que le programme, aléatoire ou non, manipulable ou non, existe préalablement à son action, au même titre qu’existe l’image préalablement au regard du regardeur. Quant à vouloir faire croire que l’image que l’on dit périmée interdit toute action tient du mensonge : il n’y a qu’à observer celui qui regarde un tableau sous différents angles et distances, celui qui manipule une gravure, une photo, un dessin, celui qui tourne autour d’une sculpture !
Ce n’est pas en alimentant continuellement un tel faux débat vicié jusqu’à la moëlle que les puissances politiques, financières et médiatiques dominantes soigneront leur image. Pour le moment, spécialement en France, elles occupent le terrain à leur seul profit avec un débat truqué qui exclut tout ce qui est non seulement différent, mais plus généralement hors du champ des limites de leurs intérêts si bien bornés.
Elles ne font qu’empoisonner la vie de nombre d’artistes, ce n’est pas ainsi qu’elles peuvent espérer laisser une contribution enviable à l’histoire de l’art.