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Martian Ayme, l'artiste qui fuit l'académisme
De recherches en découvertes picturales l'artiste lyonnais écrit, peint, dessine et grave sans contrainte. Il nous ouvre son atelier de la rue Père-Chevrier.
« J’ai choisi de ne pas subir les Beaux-Arts ». Ainsi a débuté la carrière artistique de Martian Ayme. Étrange choix pour ce petit-fils d'orfèvre lyonnais qui, à quinze ans, faisait l'école buissonnière pour aller admirer le Saint-Jérôme de Zurbaran au palais Saint-Pierre. S'il avoue qu'il a réussi son baccalauréat grâce à l'option arts plastiques, l'artiste a rapidement décidé de fuir tout académisme et toute formation qui nuirait à une création «qui vient de l'intérieur». « J'ai toujours refusé toute influence qui m'obligerait à me cantonner à quelque chose qui ne me corresponde pas ». C'est ainsi que le jeune Martian a choisi de s'inscrire en faculté de lettres : « J'ai volontairement voulu suivre une formation totalement différente de la peinture et du dessin ». De jobs en petits boulots d'étudiant, il consacre tout son temps libre à la création.
Une place essentielle
C'est d'abord à la peinture à l'huile qu'il s'attache, dès 1956, avec une volonté particulière qu'il explique avec passion et clarté : « La peinture c'est, simplement, une surface avec de la couleur dessus. On ne voit qu'une partie de cet ensemble, c'est la couche picturale. Or, je voulais que le support existe sous la couleur. Je me suis donc concentré sur le travail de la matière qui ferait vivre la surface sous une très fine couche de peinture ». Les toiles de cette première période sont d'ailleurs surprenantes car malgré la mince couche picturale, la matière y tient une place essentielle. Peu à peu, ses recherches le portent vers d'autres techniques dont il travaille à chaque fois la particularité.
Il réussit son CAPES d'anglais et fait le choix de rester libre de créer comme il le souhaite : « Certains vous diront que je ne suis pas un artiste car je ne vis pas de mon travail. « J'ai volontairement décidé d'enseigner pour pouvoir me consacrer sans contrainte financière à mon art ».
Dès 1958, il expose dans la France entière, mais également à Leipzig ou Buenos Aires en passant par Londres. En 1967, il oriente son travail vers le dessin : « Au bout de quinze ans, j'ai enfin réussi à percevoir mon dessin. Il m'a fallu toutes ces années pour me détacher de mes études de plâtres du lycée ». Alors le trait se libère et devient plus personnel.
L'aventure de la gravure
Pour que ses œuvres restent abordables, Martian Ayme se lance alors dans la gravure et l'imprimerie. Rapidement, il participe au Salon de la carte postale de Givors. Pour rester indépendant, il achète son propre matériel : « lorsque le Progrès est passé à l'offset, j'ai racheté l'ancien matériel d'impression ! ». Lancé dans l'aventure de la gravure, il imprime lui-même ses propres textes, joue avec les mots et le dessin en réalisant de petits ouvrages ludiques et poétiques.
Siégeant au Conseil d'administration de la MAPRA (Maison des arts plastiques Rhône-Alpes) depuis presque vingt ans, il milite aujourd'hui activement dans des association d'artistes et notamment à ART'OFF qui vient de terminer une exposition à l'Orangerie. Aujourd'hui retraité, Martian Ayme avoue pourtant qu'il ne passe pas plus de temps qu'avant dans son atelier : « J'ai toujours pu accorder le temps que je souhaitais à mes recherches. Par certains de mes choix, je n'ai jamais dû dépendre de rien ni de personne, mon art évolue librement j'en découvre tous les jours ».
Émilie CHAVALLE
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