Des personnages, toujours des personnages. Contours bien dessinés ou flous, noir, rouge, bleu, vert... L’artiste n’utilise que des couleurs primaires qui cohabitent, s’interpellent, se fondent, des personnages à la sensualité retenue qui n’effarouchent pas cette très belle galerie du couvent, devenue mairie du 6° arrondissement.
Martian Ayme travaille en deux dimensions ; pas d’ombres pour créer l’illusion des volumes, ni dans les gravures présentées ni dans les dessins, les peintures à l’huile et les aquarelles, qu’il n’expose pas aujourd’hui. « Mais pourquoi toujours des personnages et pas, par exemple, des paysages », lui demande-t-on souvent. « Parce que le corps est un sujet tout trouvé, facilement reconnaisable, qui me laisse totalement libre pour l’essentiel : le trait et la couleur ».
Cette recherche de liberté est permanente chez Martian Ayme : le jeune homme à 20 ans s’est refusé « à subir les Beaux-Arts » car, « ou on a quelque chose à dire et on trouve en soi les moyens de le dire, ou on veut faire carrière et on fait les Beaux-Arts ».
L’adulte, qui avait tant observé des professeurs de dessin épuisés le soir et incapables de reprendre le « pinceau », s’est réalisé économiquement dans l’enseignement, mais dans l’enseignement de l’anglais, « un calcul pour être libre » au bénéfice des élèves et de la création artistique. Cette liberté, il fallut la contrôler car elle aurait pu se retourner contre l’artiste : « À une certaine époque, j’étais tellement libre dans l’aquarelle que j’en perdais le dessin ».
Quant à la technique, aux techniciens, Martian Ayme veut bien en parler mais ce n’est pas l’essentiel : « La technique est au service de ce que je recherche, ce qui m’intérese c’est la matière (l’encre) et le papier ».
Il émane de Martian Ayme, artiste au physique de prophète, convivialité, générosité, respect de l’autre. Mais il est solitaire. Son atelier du 7° arrondissement n’est relié téléphoniquement ni au monde extérieur ni à son appartement. Pour lui, le travail de création est une démarche qui s’accomplit « dans le silence le plus total ».
ROBERT CATHEBRAS
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Martian Ayme, 36 ans de gravure, mairie du 6° arrondissement, 1° étage, 58, rue de Sèze, jusqu’au 9 décembre. Lundi : 8h30 à 16h45 ; mardi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13 h 30 à 16h45 ; samedi de 8h30 à 11h45.